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Quelque part entre nuages et bords de Loire
2 avril 2014

Les soucis de ma jeunesse...

 

 

 

DIVERS 043

 

 

 

Les soucis!

Quelle surprise de voir ce nom associé à ces petites fleurs sur certains blogs...

Après quelques recherches sur internet, il s'agirait de soucis sauvages.

Je comprends mieux parce que j'ai des souvenirs de soucis qui ne sont pas tout à fait ceux-là.

Ceux de mes souvenirs sont épais, probablement des soucis doubles, ils étaient très fournis.

D'où je les tiens ces anciens soucis?

Il faut remonter à une trentaine d'années, à peine.

Je ne sais absolument pas quel âge j'avais, entre 11 et 14 ans?

Nous avions dans notre village une ferme où se faisait l'été la cueillette des fleurs,

De nombreux jeunes et adultes y travaillaient toute la chaude saison, on pouvait y ramasser selon les jours, soit des soucis, de la camomille ou des bleuets.

Les propriétaires étant les beaux-parents de ma soeur, c'était un vrai bonheur pour moi d'y aller.

Imaginez une bonne ribambelle de gosses faisant les 4-5 kms qui séparaient la ferme, du bourg, y allant en vélo ou en mobylette...

Il fallait tout d'abord passer la côte de la farinière, qui me paraissait infranchissable, tellement longue, tellement difficile, mais ne rien lâcher, suivre les autres!

De nombreuses rigolades ou engueulades le long du chemin!

Des discussions à n'en plus finir une fois le souffle retrouvé.

Et puis ensuite le chemin plus calme, tourner sur la route de la Pétinière. On passe alors devant chez le garde champêtre pas "bésant", comme on dit chez nous!

Et là, mon ventre se nouait, parce qu'au bout de la route, tout la bas, au fond, une autre ferme à franchir...

Une ferme où il y avait des chiens, des gros chiens, des gros bergers, bien souvent détachés, de ceux qui coursent les vélos et chiquent  les mollets bien dodus. Mais avant de l atteindre il y avait une nouvelle côte.

Il y avait souvent un éclaireur qui n'avait peur de rien et le reste de la troupe qui suivait s'il n'y avait rien à signaler. Si RAS, mes jambes pédalaient comme elles n'ont jamais pédalé, à toute berzingue! Sinon, on se faisait courser par les molosses!

Il fallait faire le chemin quatre fois par jour.

Il y avait certains jours de repos, le temps de laisser les parcelles re-fleurir.

Les vélos le long des granges, les sacs filets vides sur le dos, on partait sur la parcelle à cueillir.

Les plus difficiles étaient les bleuets : très léger mais le mieux payé. On parle bien évidement de quelques centimes de francs au kilo si mes souvenirs sont bons ...

Venait ensuite la camomille, plus petite mais assez lourde, un petit peu moins payée.

Et pour finir, le souci, le plus avantageux par sa taille et son poids mais aussi le moins bien payé.

Et comme dans tous les métiers, il y avait les avantageux et les moins avantageux, ceux qui trichaient en mettant des pierres dans les sacs pour que ça fasse plus lourd et qui se voyaient retirer de l'argent s'ils étaient pris! Les bavards dans les rangs, les muets...

On était bien souvent à genoux, les soucis et la camomille étant très bas, il fallait ensuite casser la tête de la fleur d'un petit coup de poignet sec.

Une ou deux fois dans la matinée, Marie-Rose , la propriétaire, passait dans les rangs nous donner 2 casses croutes et à boire, du tang, que je découvrais pour la première fois...

Cétait elle aussi qui nous conjurait lorsque nous nous faisions piquer par les guèpes, nichées au creux des fleurs.

Il fallait en fin de journée, remonter les sacs qui, dans mes souvenirs d'enfant, pesaient une tonne.

Le soir, la pesée des sacs, tous les résultats étaient notés sur un petit carnet, tout le monde attendait de savoir qui avait la meilleure journée. Probablement pas moi! Les fleurs étaient ensuite séchées.

C'est ainsi que passait l'été.

Je me souviens noter tous les soirs de mon côté les pesées et faire les calculs pendant des heures pour connaitre le "salaire".

Et puis le premier we d'octobre:

Le Jour.

Le Grand Jour.

On attendait Marie-Rose derrière les fenêtres.

Elle devait impérativement passer le matin...

On entendait la 4L arriver de l'autre bout du bourg...

C'était la paye, les 70, les 80, les 90 francs amassés durant tout l'été, tant attendus...

Et ce n'était pas pour rien qu'elle n'apportait notre salaire que le matin du premier we d'octobre...

C'était la fête communale ce we là, et elle passait donc le matin pour qu'on ne liquide pas tout avant le jour J...!

Je revois encore cette enveloppe qu'elle tenait dans ses mains et qui représentait un trésor!..

A la maison, il n'y avait pas d'argent de poche à la fin du mois, nous ne manquions absolument de rien, mais mes parents n'avaient pas cette habitude là. C'était donc Mes Vrais Premiers Sous!

 

Le compte était toujours arrondi bien au-dessus et il ne devait pas rester grand chose le dimanche soir après que la fête communale soit terminée, les manèges emballés, les tirettespleines de pétard, vidées.

 

 

*Berzingue : patois voulant dire "à toute allure"

Bésant : patois voulant dire "pas très facile, grognon..."

 

 

 

 

 

 

 

DIVERS 041

Petit souvenir des soucis de Francis et Marie-rose

 

 

 

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Commentaires
M
Quel beau récit ! C'est tout un art de savoir faire remonter les émotions des souvenirs d'enfance ou d'adolescence et tu a un vrai talent pour ça on dirait. En tous cas, c'est un vrai plaisir de te lire, bravo !
J
Je ne voyais que les photos tous les textes étaient cachés. Plus de soucis si j'ose dire<br /> <br /> JP
T
Que de souvenirs !!!!! tu as juste oublié les crapaux, les araignées et l'antésite<br /> <br /> bisous
M
Que de magnifiques souvenirs reliés aux soucis, merci pour ce beau moment douceur! Bisous tout doux et bonne journée dans la joie!
M
Ho! que du bonheur cette lecture...cela à certainement fait revivre des émotions de l'écrire! c'est beau, on commence et on ne s’arrête pas de lire...merci, bise et bon courage
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